Concevoir une cuisine ergonomique et écoresponsable
Préparer de bons petits plats avec des légumes bio en circuit-court, c’est déjà bien. Mais concevoir sa cuisine éco-responsable et ergonomique dans son aménagement, c’est encore mieux ! Le chef Cyril Rouquet-Prévost nous guide sur les réflexes indispensables à adopter, afin d’optimiser l’énergie que l’on dépense dans sa cuisine, et d’en faire un espace pratique, esthétique et économique.
L’ergonomie est un nouveau facteur essentiel dans la conception d’une cuisine. Souvent située au cœur du foyer, on passe de longues heures dans cette pièce, véritable espace de vie dans lequel on cherche à se sentir bien. Alors comment ne perdre ni son temps, ni son énergie derrière les fourneaux ?
S’économiser des mouvements et de l’argent, c’est possible en choisissant astucieusement les matériaux de son mobilier et des surfaces de travail, et en agençant intuitivement son espace.
Bien choisir ses matériaux
Les matériaux donnent un style à votre cuisine : que ce soit de l’ardoise ou de l’inox, du bois ou du verre, il y en a pour tous les goûts ! Mais au-delà du critère esthétique, le choix des matériaux d’une cuisine se fait sur leur résistance (aux chocs, aux éclaboussures de graisse ou d’eau, aux rayures et à la chaleur), mais aussi sur leur facilité d’entretien et leur capacité à « bien vieillir » dans le temps.
Bien souvent, on oublie que certains matériaux sont imbibés de traitements chimiques toxiques pour notre santé : certaines peintures, vernis et lasures peuvent émettre des Composés Organiques Volatiles (COV), polluants directs pour l’Homme qui se déplacent dans l’air.
Attention par exemple au contreplaqué et à l’aggloméré, qui vont émettre une substance irritante qualifiée de cancérigène par le Centre International de Recherche contre le Cancer. L’idéal est de se tourner vers du bois massif, le plus brut possible, que l’on recouvre de produits durables, qui conservent très bien le mobilier : les huiles dures naturelles (huile de lin, dérivés oléagineux ou cire végétale), la peinture à la chaux ou à la caséine.
Les revêtements qui se nettoient facilement demandent également moins d’eau et de produits pour l’entretien. Le grès, le quartz, le chukum et le béton ciré sont faciles à nettoyer. Le marbre subit souvent un traitement chimique parce que c’est une matière poreuse… C’est plutôt joli mais c’est à éviter dans sa cuisine !
Faites appel à un artisan ou à une entreprise de mobilier autour de chez vous. Avant de vous lancer avec un cuisiniste, soyez attentif aux détails : si l’artisan conseille des produits éco-responsables pour l’entretien de ses meubles, c’est déjà un bon indice de confiance…
Le triangle d’or pour une cuisine accessible
Bien souvent, quand on prépare un bon repas : plus on se déplace dans sa cuisine, plus on salit, et moins on est efficace. Bien agencer sa pièce permet d’optimiser les déplacements et les mouvements quotidiens. Le triangle d’or aussi appelé « triangle d’activité » est une règle qui a déjà fait ses preuves dans les cuisines du monde entier. C’est la base d’un espace pratique, ergonomique et fonctionnel. L’idée est simple : organiser son espace autour de trois pôles : la conservation avec les stocks (réfrigérateur, placards à denrées), la cuisson des repas (plaque, gazinière, four, micro-ondes) et la zone de lavage avec les arrivées d’eau (évier, lave-vaisselle).
Qu’importe la forme de votre cuisine ! Qu’elle soit en L, en U ou insulaire, en regroupant ces 3 pôles de façon judicieuse, vous limiterez vos déplacements, vos mouvements dans la pièce seront plus fluides, et vous prendrez plus de plaisir à cuisiner !
D’un point de vue énergétique, si vous distinguez ces 3 zones, votre facture d’électricité vous remerciera. Attention également à ne pas placer le réfrigérateur à côté du four : « Il faut que chaque appareil puisse refroidir : plus un appareil ventile naturellement, moins il se force à refroidir et moins il consomme d’énergie. »
L’accessibilité, un point clé
Est-il possible d’avoir une cuisine ergonomique avec peu d’espace ? La réponse est oui ! On peut être tenté d’avoir la folie des grandeurs mais plus une cuisine est grande, moins on s’en sert. Au-delà de 25m², c’est souvent superflu.
Comment s’en sortir avec une cuisine très étroite ?
Tout se joue au niveau de l’accessibilité, souvent à quelques centimètres près. Votre mobilier doit être à votre taille : ni trop haut, ni trop bas, ni trop profond ! Soyez attentif à la hauteur des rangements, de l’électroménager ou de l’évier. Pour partir sur de bonnes bases, sachez que la hauteur optimale du mobilier de cuisine est propre à chacun.
Elle se calcule grâce à un exercice tout simple : tenez-vous debout, les paumes posées sur le plan de travail. Si vos avant-bras forment un angle de 45 degrés par rapport à la surface, alors votre plan de travail est à la bonne hauteur.
Placez vos plaques de cuisson légèrement plus bas que la surface de préparation pour surveiller la cuisson sans forcer : idéalement, le bord supérieur des casseroles arrive à la hauteur de votre plan de travail.
Les maux de dos à force de vous baisser pour atteindre le four ou le lave-vaisselle, c’est terminé ! Le chef Cyril Rouquet-Prévost recommande d’élever ces appareils à hauteur de main et de prévoir des tiroirs dédiés aux objets lourds sous le plan de travail. Enfin, pour vous économiser des mouvements inutiles quand vous serez aux fourneaux, gardez les assaisonnements à proximité de la plaque de cuisson.